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:: L'Audition :: La nocivité du bruit ::
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Le bruit rend sourd… Oui, mais pas seulement. S'il provoque en effet d'importants dégâts sur notre système auditif, notamment les célèbres acouphènes, nos chercheurs s'intéressent aussi à des conséquences moins connues, sur les systèmes cardiovasculaire et immunitaire, le sommeil et même l'acquisition du langage. Le point sur ces pathologies et les recherches menées autour de cette question de santé publique.

Le bruit a aussi des conséquences néfastes sur le sommeil. Pour mieux les cerner, des chercheurs étudient les réactions, notamment cérébrales, de patients dans les bras de Morphée, exposés à des bruits artificiels. 

Première cible : l'audition

Dix pour cent de la population française souffre de problèmes auditifs, soit plus de 6 millions de personnes. Or, de plus en plus d'entre elles doivent leur malheur au bruit, et plus précisément aux sources sonores créées par l'homme. À cause d'elles, aujourd'hui, la surdité précoce dès l'âge de vingt ans augmente, et s'aggrave au cours de la vie sous l'effet d'autres facteurs tels que le vieillissement ou la génétique.

Alors que se passe-t-il au cœur de l'oreille ? Capté par le pavillon, le bruit est transmis aux liquides de l'oreille interne. Là, les cellules sensorielles, qui « réceptionnent » le bruit avant de le transmettre au cerveau, existent en nombre restreint et ne se renouvellent pas. Lorsque la quantité d'énergie transmise à l'oreille interne est excessive (lors de chocs sonores), des lésions de ces cellules « ciliées » – elles possèdent des cils sensibles aux vibrations sonores – apparaissent. « Elles peuvent être fragilisées ou détruites, c'est la surdité. En outre, lorsqu'elles sont trop stimulées, leur neurotransmetteur, le glutamate, est alors libéré en excès, ce qui suractive le nerf auditif et peut détruire les neurones liés au système auditif », explique Patrice Tran Ba Huy, chercheur au Laboratoire de neurobiologie des réseaux sensorimoteurs1 et chef du service ORL de l'hôpital Lariboisière de Paris. L'oreille a bien un système de défense, un muscle situé dans l'oreille moyenne, mais celui-ci se contracte par réflexe en 30 millisecondes, trop tard donc pour des bruits impulsionnels. En outre, ce muscle est fatigable et donc inefficace sur une longue durée. Enfin, il n'entre pas en jeu pour des fréquences aiguës.

Résultat : la liste des conséquences possibles du bruit est longue. Une baisse d'audition d'abord, ou « hypoacousie », via la perte de la sensibilité à certaines fréquences (les graves et les aigus), irrémédiable car les prothèses conventionnelles n'interviennent que sur les pertes de décibels (niveau sonore). Des acouphènes peuvent aussi apparaître brutalement, qui n'ont rien d'hallucinations auditives. Ils concernent 10 à 15 % de la population. Ces sifflements se font entendre aux fréquences de l'oreille affectées par la perte auditive, souvent localisées dans les aigus. Selon Sylviane Chéry-Croze, ex-directrice de recherche du CNRS et présidente d'honneur de l'association France-Acouphènes2, « à la suite d'un choc sonore, la perte auditive périphérique s'accompagne de l'apparition d'un message nerveux aberrant, qui circule dans les voies auditives jusqu'au cerveau, donnant lieu à cette perception. Selon les recherches actuelles, il pourrait être généré soit à la périphérie de l'oreille, soit au niveau du cortex auditif ». En effet, la perte auditive s'accompagne d'une réorganisation des neurones, qui se partageaient jusqu'ici les fréquences de manière équilibrée. La redistribution des fréquences pourrait provoquer un déséquilibre qui expliquerait l'apparition du signal.

Ces mêmes changements seraient également responsables de l'hyperacousie, pathologie souvent présente en même temps que l'acouphène. Ce trouble auditif, de plus en plus fréquent chez les jeunes, consiste en une intolérance à des bruits normaux ou faibles habituellement bien supportés.

Diagnostic et thérapies

Comment savoir si un trouble auditif va devenir permanent ? Des recherches sont menées pour créer de nouvelles méthodes de diagnostic. Dans le cas des acouphènes, Annie Moulin, du laboratoire CNRS « Neurosciences et systèmes sensoriels » de Lyon3 avec Jean-Bertrand Nottet de l'hôpital militaire Desgenettes de la même ville, mesurent par exemple les « oto-émissions acoustiques » des oreilles de militaires souffrant de traumatismes acoustiques accidentels (explosions, tirs d'armes…). Il s'agit de sons émis par l'oreille, qui reflètent l'état fonctionnel des cellules ciliées. « Nous recueillons la réponse des oreilles dans les 24 heures qui suivent l'accident. Elle permet des prédictions plus précises que les tests d'audiométrie classiques et ne requiert pas l'attention du patient perturbé par ses acouphènes », précise la chercheuse.

Après le diagnostic, place aux traitements. Actuellement, les chercheurs tentent par exemple d'utiliser la plasticité du cerveau – sa capacité à s'adapter aux changements. Depuis deux ans, Arnaud Norena, de l'unité CNRS « Neurobiologie intégrative et adaptative » de Marseille4, étudie la possibilité de réduire la perte auditive après un traumatisme sonore.

« La stimulation acoustique des régions lésées diminue la perte auditive jusqu'à 40 dB et empêche la plasticité des centres auditifs – potentiellement à l'origine des acouphènes et de l'hyperacousie. Des niveaux d'intensité considérés comme trop élevés avant le traitement deviennent confortables après trois mois de stimulation. » De son côté, au laboratoire « Neurosciences et systèmes sensoriels » de Lyon, le docteur Xavier Perrot intervient, grâce à un champ magnétique répétitif, sur la zone du cerveau à l'origine du signal d'acouphènes. Son objectif ? « Modifier le fonctionnement électrique aberrant du cortex auditif pour limiter la perception de l'acouphène. Cet essai thérapeutique, réalisé chez 70 patients dans le cadre d'un programme de recherche clinique national avec l'association France-Acouphènes, devrait se terminer fin 2007. » Citons également une autre approche très intéressante, menée par l'Inserm à Montpellier, où Jean-Luc Puel, directeur de l'équipe « Oreille interne », développe des modèles expérimentaux chez l'animal pour tester l'efficacité thérapeutique de médicaments appliqués directement au contact de l'oreille interne. Deux types de molécules sont à l'étude : les unes contre les signaux d'acouphènes, les autres pour ralentir la mort cellulaire à l'origine de la surdité.


Une autre piste donc à suivre de près… Car à ce jour, il n'existe aucune solution qui permette réellement de réparer l'audition perdue. Dans le cas des acouphènes par exemple, un procédé existe, le caisson hyperbare dans lequel les patients sont soumis à une pression de l'air élevée juste après le choc sonore, afin d'augmenter le taux d'oxygène dans l'oreille interne. Mais cette technique ne fait pas l'unanimité. Au final, le seul véritable remède anti-acouphène est « l'habituation ». Explication de Sylviane Chéry-Croze : « Ce trouble peut être progressivement filtré par les patients qui ne redoutent plus ses conséquences : la présence répétée ou continue d'un même stimulus qui bombarde le système nerveux s'accompagne d'une diminution de sa perception puis de son blocage non conscient, pourvu qu'il n'ait pas de signification particulière pour l'individu. » Quatre-vingts pour cent des acouphéniques y parviennent en moins d'un an, les autres, soit près de 2 millions de personnes, continuent de souffrir.

Des échos dans tout l'organisme

La nuit, le bruit continue d'agresser l'organisme. Pour évaluer l'influence du bruit nocturne sur le sommeil, Alain Muzet et son équipe du Centre d'études de physiologie appliquée du CNRS de Strasbourg ont observé des patients dormir pendant quinze nuits, exposés à des bruits artificiels et contrôlés par les chercheurs. Résultat : « Dès les deux à cinq premières nuits, les personnes ne mentionnent plus le bruit comme un fauteur de trouble. Pourtant, leurs réponses cardio-vasculaires à la suite des bruits gardent la même amplitude pendant les quinze nuits ». Mêmes observations sur le long terme lors d'une étude menée sur le sommeil à Roissy, près de l'aéroport, pendant cinq ans : modifications de la fréquence cardiaque, du rythme respiratoire, contraction du volume de certains vaisseaux sanguins, etc.

« La nuit, le bruit modifie la structure de l'endormissement dans les deux premiers stades du sommeil. Aucun effet n'est observé pendant les stades 3 et 4, lors du sommeil lent profond, sauf parfois des retours inexpliqués à l'étape antérieure », poursuit Alain Muzet, qui diagnostique cela en plaçant différentes électrodes sur ses patients endormis, notamment à la périphérie des yeux pour repérer les mouvements oculaires, car les globes ne bougent que lors du sommeil paradoxal. « Vingt pour cent des Français ont des troubles du sommeil. Beaucoup d'insomniaques le sont parce que leur environnement est déstructurant. Pourtant, on leur donne souvent des médicaments hypnotiques sans intervenir sur cette véritable cause », rappelle Pierre Philip, de l'unité « Physiologie et physiopathologie de la signalisation cellulaire » de l'hôpital Pellegrin5 à Bordeaux, un des centres du sommeil français. Quant à l'influence sur le sommeil du bruit entendu pendant la journée, impossible pour les chercheurs de la quantifier.
 
 
Mais notre organisme est aussi soumis à rude épreuve lors des phases d'éveil. Une des raisons ? « À chaque bruit, le corps stimule des réflexes de défense, précise Alain Muzet. Les animaux fuient au moindre bruit. Nous non, mais notre cœur s'emballe toujours, ce qui prépare notre corps à réagir en cas de danger. » Perçu au niveau du système nerveux central, le bruit est un facteur de stress et de fatigue. Ainsi, l'OMS précise que « le bruit peut compromettre la qualité du travail et provoquer des changements de comportement social ». À titre d'exemple, une étude menée à Copenhague : autour de l'aéroport, 25 % de la population consomme des tranquillisants, contre 17 % dans des zones reculées. Du côté scientifique, peu de questions restent encore en suspens. Le bruit crée des troubles endocriniens : le taux d'hormones révélatrices de l'état de nervosité s'amplifie. Cette libération chronique d'adrénaline ou surtout de cortisol et de catécholamines tend finalement à faire baisser les défenses immunitaires du corps. Quant aux risques cardio-vasculaires, les cas d'infarctus du myocarde augmentent dès que le bruit des transports autour du logement dépasse 60 dB(A), selon une analyse de 61 études internationales. Et récemment, une étude suédoise a également montré le lien entre le bruit du trafic routier et l'hypertension sur plus de 500 personnes : entre 45 et 65 dB(A), le risque d'hypertension augmente de 38 % pour chaque hausse de 5 dB(A).

Le bruit, un cas d'école

Si tout le monde souffre du bruit, le cas des enfants est plus grave encore. En effet, avant même d'altérer les systèmes auditifs ou cardiaques, le brouhaha dégrade l'apprentissage du langage dès le plus jeune âge. Johannes Ziegler, chercheur au Laboratoire de psychologie cognitive (LPC) de Marseille6, s'intéresse à cette problématique depuis plusieurs années :

« Dans une salle de classe, le bruit moyen est de 72 dB(A), soit celui d'un carrefour bruyant. Avec des enfants de cinq ans, le bruit de fond peut même atteindre les 94 dB(A) selon certaines études. Outre la fatigue et la perte de concentration, le problème se pose alors de la compréhension du langage. L'intelligibilité de la parole est abaissée de plus de 50 % avec un tel bruit de fond. »

À partir de dix ans, les enfants ont atteint leur niveau d'intelligibilité adulte, mais avant cet âge, ils sont en plein développement phonologique, surtout de trois à sept ans, où ils acquièrent les subtilités du vocabulaire. « Si certains enfants réussissent à compenser ce déficit de compréhension en dehors de l'école, dans leur famille par exemple, ceux en difficulté vont commencer à accumuler les problèmes de langage d'abord, puis d'écriture et même de lecture », continue le chercheur. Au Groupement de recherche en audiologie expérimentale et clinique (Graec)7 du CNRS, créé en janvier 2006, Christian Lorenzi, directeur du Laboratoire « Psychologie de la perception »8, a développé une méthode d'investigation des capacités d'identification de la parole face aux sons parasites. Car jusqu'ici, elles étaient évaluées essentiellement dans le silence ! Il s'agit d'estimer avec finesse les aptitudes à démasquer les mots lorsque le bruit de fond fluctue en amplitude, car au moins six mécanismes sensoriels et cognitifs semblent impliqués. L'un d'entre eux – crucial pour le démasquage – serait aboli par des lésions de l'oreille interne invisibles à l'audiogramme. Un projet européen devrait d'ailleurs voir le jour sur cette problématique.

Grâce à leurs méthodes, les chercheurs ont déjà mis en évidence le rôle du bruit chez les enfants dyslexiques (c'est-à-dire ceux qui ont un retard de lecture sans présenter de déficits sensoriels ou intellectuels). En effet, une des manifestations de la dyslexie est la mauvaise perception de la parole : « Les enfants dyslexiques ont eu des scores de perception de la parole dans le bruit inférieurs de 5 à 10 % à ceux d'enfants plus jeunes de trois ans », note Johannes Ziegler. Nos chercheurs ont montré que ce n'était pas le cas dans les épisodes de silence. « Il ne s'agit donc pas d'un manque d'attention de l'enfant », insiste-t-il.

Pour approfondir ces travaux, il prépare maintenant une étude sur plus de cent enfants de maternelle à Marseille. Ils seront suivis pendant un an, afin de définir les causes de leurs possibles déficits de perception de la parole dans le bruit. L'idée ? Réussir à préciser les variables en jeu en maternelle pour de futurs échecs de lecture. Un outil de prédiction important, donc.